Saturday, February 17, 2007

Jeudi 8 février
zoom

Toujours plus incroyable.

(Le lecteur ou la lectrice que cela ennuie de lire ces bluffantes histoires est prié/e ici de descendre du train - après tout, ce ne seront certainement pas la paresse mentale et/ou le manque de foi au miracle qui freineront plume dans son rôle de témoin véridique de scribe impartial...)

C'est à nouveau la
troisième heure du soir. Calme, assis à son bureau, toujours autant pénétré par la grande joie de vivre qu'avec une intensité maximale détaché de toute chose, mon maître (plus rien ne l'étonne) voit le pêcheur tao du tableau se détacher, sauter au sol, devant lui grandir à taille humaine, prendre les allures d'un Dieu hindou, exécuter un puissant pas de danse, et l'entend dire :
- Devine ce que je t'ai apporté...
Toujours bien inspiré, car naturellement ouvert aux événements les plus insolites (seul l'improbable est probable), mon patron de répondre tout de go :
- ...Le tambour de Rimbaud !
- Tout juste. Regarde, c'est un sablier. Dans le compartiment supérieur règne le ciel. En bas c'est la terre. La terre reçoit le sperme, le temps qui coule d'en-haut. Au début un écoulement imperceptible. A la fin le flux se précipite. Pour remettre le temps en marche il faut retourner le sablier, et c'est le nouveau temps ! Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence une nouvelle harmonie. Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes en-marche. Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne - le nouvel amour !
- C'est ce qu'il nous faut !
- C'est bien ce que je pense. Je te le prête. Son écrin est une émeraude, fournie par la Jérusalem céleste. Un petit avant-goût en somme... Tambour, graal, sablier : tous les chemins mènent à moi. Sur ce, sans adieu camarade, nous serons bientôt appelés à nous revoir !

Après quoi, plus rapide qu'un battement de cil, il reprend sa taille initiale, se dirige vers le tableau, fait encore un geste amical, avec grande élégance saute dans la toile et se fige à sa place près du petit pont canne à pêche en main, les pieds dans le clapotis de l'eau. Sage sans âge.

Quoi ! Plume affirme ici, avec la plus extrême rigueur, que son maître au moment des faits n'était ni ivre ni sous l'emprise d'une quelconque substance hallucinogène, dont du reste il ignore l'usage ; de toute façon, plume ne s'abaisserait pas à servir un maître trop peu scrupuleux quant au respect de la vérité une et essentielle, et encore moins consentirait-elle à noter des fariboles ou des mensonges - ce n'est pas là son cup of tea.

"Nous sommes appelés bientôt à nous revoir " a dit le Dieu hindou.
Quelle suite allaient donc prendre les évènements ? Quelles nouvelles merveilles se cachaient encore dans le tableau, décidément intarissable ? Le ciel et les nues allaient-ils chanter ? Soleil et mer se mêler enfin ? La terre se mettre à jubiler ? Le ruisseau lui-même déborder, la Mère-carpe sauter vers le ciel et se placer, messagère des Immortels, sur le dos du Dragon d'or à côté d'Inondatrice de Joie, Ernestine la tortue ?

Hé, qui sait ?
Suite au prochain numéro..!

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home